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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/106

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L’AMANTE DES ROSES

Elle chantait comme un oiseau dans le jardin
Dont chaque fleur était la coupe d’une abeille.
Le soleil mûrissait l’espalier et la treille.
Elle chantait comme un oiseau dans le matin :

Donnez-moi des roses et des roses,
Toutes les roses des plus beaux mois,
Afin qu’à leurs corolles écloses
Je dise mes plus secrets émois.

Je n’irai pas en faire l’offrande
Au roi joli dans son palais d’or ;
Ah non, à moins qu’il ne me les rende
En ducats sonnants de son trésor.

Point n’en aura le galant qui m’aime :
Va, mendiant, en cueillir ailleurs !
Celles-ci, je les veux pour moi-même
Qui suis la sœur humaine des fleurs.