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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/107

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Je les emporte, tumulte en tête,
Dans le silence de ma maison,
Pour célébrer la secrète fête
Du désir et de la déraison.

Ô roses de sang, de neige et d’ambre,
Je vous effeuillerai sur mes seins
Quand je serai seule dans ma chambre,
Nue et lasse parmi les coussins.

Et sous votre odorante jonchée
Je me verrai dans les bleus miroirs
Mourir, et ma volupté cachée
Sera celle de la fin des soirs.

Lorsque, de vos parfums assouvie
Et de vos irréelles amours,
Je renaîtrai plus tard à la vie,
Je me parerai de mes atours,

Puis, les bras pleins de vos gerbes mortes,
Je redescendrai dans le jardin
Dont grinceront les anciennes portes,
Et de la brune jusqu’au matin