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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/118

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La nuit, un cri, du sang, les pas feutrés d’une fuite…
On assassine la vieille putain de la rue de la Lune.
Pourpre de la mort ! Tourbillon de la chute !
Terre pétrie de la pourriture des cadavres !
Étendards secoués sur les remparts en flammes !
L’anxieuse chevauchée des multitudes vers le soleil,
Et toi, pauvre vieille putain au ventre vert

Qui gît là, comme une grenouille crevée, dans le ruisseau de la rue de la Lune.


Je lisais la Bible quand ce cri retentit,
Le cercle de la lampe me protégeait des ténèbres
Et le bon feu des soirs d’hiver dansait dans le foyer.
Soudain, ce cri, ce cri, ce cri
Qui dans la nuit transperça le bruit des autobus,
Des voitures, de la foule et du vent qui soufflait
Dans le feuillage des platanes du boulevard.
Tristesse ! Elle errait sous les portes cochères
Et portait sa pauvre fortune dans ses bas,