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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/171

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Il servait à Verlaine de factotum, de Mercure galant, voire de déménageur à la cloche de bois ; et, comme il avait des lettres, il se montrait glorieux de l’indulgente amitié du grand homme. À l’enterrement de Verlaine, le comte Robert de Montesquiou renifla sur la présence de Bibi à la place d’honneur juste derrière le corbillard. On le délogea. Mais le pauvre claquefaim y avait plus droit que n’importe lequel d’entre nous.

Je me souviens d’une charmante conversation que j’eus un jour avec Verlaine, dans le coin du Café François Ier où le photographe de Nos Contemporains chez eux l’a saisi, affalé devant son absinthe. Il me décrivait une visite qu’il avait faite à la Grande Chartreuse, et me décrivant les moines : « Des frocs comme des blocs, et, dessus de tout petits crânes ronds, comme dans les tableaux de Le Sueur. » Et il rapprochait l’un de l’autre ses deux poings fermés en répétant : « De tout petits crânes, comme dans les tableaux de Le Sueur. »

Il avait visité la Grande-Chartreuse une année où ses douleurs rhumatismales l’avait forcé à faire une cure à Aix-les-Bains. Il y fut soigné par le docteur Cazalis (Jean Lahor) qui, après bien des années, me parlait avec épouvante de son client. D’abord Verlaine ne consentait à recevoir Cazalis qu’au café, et celui-ci, médecin mondain, fut obligé