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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/173

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pouvait donc voir de sa physionomie que le nez et les yeux.

Verlaine se montra plein de dignité, malgré les rhums à l’eau qu’il avait déjà absorbés. Il tenta même de parler anglais. Or je le soupçonne d’avoir su encore moins d’anglais que le bon Mallarmé ! Quoique il en fût, la seule phrase qu’il parvint à sortir, et qu’il répéta à satiété, fut : « Shakespeare, he is a man ! » Et encore avait-il un bizarre accent écossais. J’eus une furieuse envie de répondre à la manière incohérente des lexiques de conversation : « And Racine, he is not a woman ! »

Gosse, qui est un charmeur, amadoua vite le vieux faune, mais de temps en temps il me soufflait « Je n’ai pas vu son crâne ! Je veux voir son crâne » Aussi à chaque fois que Verlaine revenait à Shakespeare, j’insinuais : « N’est-ce pas, maître, chapeau bas devant lui ! » et j’appuyais du geste mon invite. Mais il n’en rabattait que davantage son vieux chapeau sur les sourcils et Gosse dut partir sans avoir vu le crâne de Verlaine.

Je viens de parler des conférences de Verlaine en Angleterre. Son odyssée vaut la peine d’être racontée. Robert Sherard, le biographe bien connu d’Oscar Wilde, et Arthur Symons, le poète londonien, avaient été chargés, l’un de recevoir