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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/174

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Verlaine à Charing Cross, l’autre de l’expédier de Paris. Sherard, donc, après avoir fait dîner Verlaine sans excès de boisson, l’installa dans le rapide de nuit Paris-Calais en le recommandant comme un enfant au chef de train. Puis il alla se coucher la conscience tranquille, après avoir annoncé par télégramme à Symons le départ de Verlaine. La mauvaise chance voulut qu’une tempête effroyable sévit, cette nuit-là, sur la Manche. La malle ne put partir. Verlaine passa donc sa nuit au buffet de Calais, mais bien sagement, sans faire de bêtises. Symons, qui l’attendait à Londres au petit jour, dormit comme il put dans les salles de Charing Cross. Enfin Verlaine parut, sale, verdâtre, mal remis du mal de mer. Son hôte l’accueillit comme un enfant prodigue, et s’il ne tua pas le veau gras en son honneur dans son petit appartement de Fountain Court, il le réconforta comme il put, puis lui demanda s’il avait apporté un habit dans sa valise. Un habit ! Le pauvre Lélian avait tout juste quelques objets de première nécessité ! Symons courut donc de droite et de gauche, empruntant ici un habit, là une chemise, ailleurs des escarpins, et Verlaine, quand il parut le soir même sur l’estrade, eut l’apparence d’un respectable clergyman. Ce n’était pas ce qu’attendait le public, alléché par les journaux