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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/179

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REMY DE GOURMONT

Est-ce par modestie que Remy de Gourmont a donné ce titre un peu désabusé de Divertissements à son recueil de vers ? Nous ne le pensons pas, car la modestie siérait mal à l’un des hommes les plus justement orgueilleux de notre époque, qui est conscient de sa valeur et la sait imposer sans vaine forfanterie. Je pense plutôt qu’un soir de mélancolie Remy de Gourmont à feuilleté ses anciens poèmes, comme on feuillete de vieilles lettres d’amour. Et de même que l’amant s’étonne de certaines passions de sa jeunesse, et s’en amuse même un peu, entre sourire et larmes, l’écrivain, tout en convenant qu’il fut sincère au moment de s’abandonner à l’élan lyrique, s’excuse de la grande liberté qu’il prend de vous rappeler ces heures de laisser-aller.

Divertissements ? Non, mon cher Remy de Gourmont. La poésie ne fut jamais pour vous un divertissement. Disons plutôt qu’elle n’aurait jamais suffi à contenir votre pensée. Vous auriez pu devenir un des grands poètes de ce temps. Vous vous êtes contenté d’en être un des plus profonds philosophes. Et ce qui est étonnant,