l’aisselle leur fusil incliné[1] vers cette terre où ils te menaient à jamais dormir,
III
De rares passants rasant les murs que brodait une ombre mince et violette saluaient la dépouille selon la douce coutume de France. Mais leur pensée était ailleurs : commerce, industrie, affaires. Puis ils pensaient peut-être à leurs propres morts. Moi seul, étant un poète à qui Dieu a départi, comme à tous les poètes, d’assumer la douleur d’autrui, j’ai senti sous mes paupières crever des larmes, toi que je n’ai jamais connu,
IV
Aucune donneuse de baisers ne suivait ton cercueil, ni la mère dont le corps s’entr’ouvrit dans la douleur, il y a une vingtaine de printemps, pour te consacrer à la lumière, ni la sœur dont les paroles, lorsque tu te sentais malheureux, étaient pour toi une bénédiction, ni l’amante qui te livra, une nuit que toutes les
- ↑ Variante : qu’ils inclinaient. Au bas de la strophe suivante, j’ai cru devoir restituer la ligne oubliée du refrain (Note d’Albert Mockel)