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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/45

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étoiles chantaient au ciel, la fleur la plus secrète de sa chair,

Tommy Atkins, ô Tommy Atkins !

V

Mais il faut comprendre que la route est longue de ton pays au nôtre, aussi longue au moins que de Londres à Tipperary. Et les pauvres hésitent à s’éloigner de leur seuil, car leur bourse est aussi légère que leur cœur est lourd. Mais je sais qu’il est là-bas deux foyers, où trois femmes penchent bien bas la tête, quand l’heure est venue de dénouer leur chevelure et qu’elles ont le loisir de penser à toi, à toi, fils, frère, fiancé,

Tommy Atkins, ô Tommy Atkins !

VI

Je me complais tristement à m’imaginer ce que fut ta vie. Je voudrais que tu fusses né dans le Kent, le comté qui est le plus cher à mon cœur, à cause simplement d’une femme. C’est là que s’élève, drapée de lierre qui frémit à la brise, la cathédrale de Canterbury, c’est là que glaïeuls, tournesols et roses trémières enjolivent le cours de la Stour, où si souvent tu dus accompagner tes camarades blancs et blonds à la baignade,

Tommy Atkins, ô Tommy Atkins !