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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/47

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IX

Mais la suie de Londres ne nourrit pas son homme, et du brouillard ne suffit pas comme [boisson][1]. Et un soir que tu traversais Trafalgar-Square, tu te laissas allécher par les sergents recruteurs qui, la badine aux doigts, font la parade, sous les affiches hautes en couleurs : « Kitchener a besoin de vous. » Bonne solde, quatre repas par jour, un uniforme seyant. Pourquoi pas ? Allons-y. Et tu devins presque sans t’en douter soldat du Roi,

Tommy Atkins, ô Tommy Atkins !

X

Ton apprentissage fut dur, et tu t’en serais longtemps souvenu, si jamais tu avais été capable de te souvenir de quoi que ce soit. Ah ! ces marches, ces marches, ces marches ! Le soleil sur la nuque, la poussière plein la bouche, la sueur entre les épaules, du feu au fond des yeux, du plomb à la plante des pieds et le délire de la fatigue au cerveau. Elles durent sonner de bien loin, certains soirs, les cloches de Tipperary, n’est-ce pas,

Tommy Atkins, ô Tommy Atkins[2] !
  1. Lecture douteuse. Peut-être baisers (Note d’A. Mockel).
  2. Note d’A. Mockel : — Une page du premier brouillon