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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/53

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MA DOULEUR

Ma douleur ne se revêtira pas d’un lourd manteau de deuil, et ne se couvrira pas la tête de cendres et de poussière. Ma douleur se parera de sa plus belle robe de fête et se couronnera de roses et de violettes.

Ma douleur ne se fera pas précéder sur les places publiques par un cortège de pleureuses et de vocératrices. Ma douleur ira dans les rues entourée de chanteurs et de musiciens chantant des airs joyeux.

Ma douleur ne sera pas la prostituée qui mendie, la main tendue et les paupières rouges, la pitié du passant. Ma douleur sera la reine qui sourit au peuple et qui ferme parfois les yeux pour qu’on ne voie pas qu’elle pleure.

LE ROI FOU

Le roi dément dont le palais, vide à jamais de danses et de musiques, s’érige, sous sa lourde bannière de soie fleuronnée de lys d’or, au plus haut de la terrasse d’où divergent vers l’horizon des allées infinies comme l’histoire des gloires du règne, pleure tel un petit enfant, parce que l’inexorable hiver a étreint les eaux et tué les roses de ses jardins.

Sur la glace terne des bassins où sont pris par