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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/56

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Les harpes consacrées aux idoles, sous les doigts gemmés d’émeraude des vierges noires, tintaient en strophes de triomphe au plus profond des tabernacles d’ébène.

Et les esclaves vêtus de dalmatiques écarlates déferlaient, sous l’azur où palpitaient des vols de colombes, les plis de pourpre des étendards brodés d’héraldiques chimères.

II

Pourtant en le cœur du Roi chantait le souvenir de la conquête, et de barbares ballades, apprises en les ruées et les chevauchées, lui bouillonnaient en écume aux lèvres.

Une brume de sang obscurcit ses glauques prunelles, et sous son casque où s’éployait l’essor d’une tarasque, éclata tout à coup la foudre des cavalcades de bataille.

Et d’un geste de despote sous lequel s’inclinèrent fastueusement les étendards, il fit proclamer par le fracas de mille fanfares la mort des captifs et l’incendie des tabernacles.

III

Affolés par le sonore tonnerre des cymbales de guerre, les vautours, ailes noires et serres sanglantes, tournoient parmi les acres rafales des flammes et des massacres.