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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/59

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comme d’un chaste regret les nénufars des vasques.

Et tandis que les nues couveuses de ténèbres s’appesantissent peu à peu sur le crépuscule du soleil et l’aurore de la lune, la princesse, sinueuse en sa robe verte aux ramages de pâle argent, baise le cadran dont elle ne peut plus voir les chiffres de cuivre. Car du côté de la lune, une trompette a sonné sous de triomphales bannières.

II

Une trompette a sonné sous de triomphales bannières. Et par les noires vallées qui mènent à la solitude où la Princesse, haletant d’une indicible espérance, attend l’advenue de celui qu’elle a pleuré tant de longues années, c’est le piaffement de gigantesques chevaux sur la pierraille des routes et un tonnerre d’épées heurtant les cuissards des cavaliers de l’ombre.

Soudain la Princesse qui s’est reprise à chanter la très ancienne ritournelle où revient un nom enguirlandé des mots du doux langage d’amour, a vu se dresser parmi les fleurs, roses et lys, quelqu’un dont l’armure d’or bossuée d’escarboucle reluit même en la nuit. Et elle sait que son Prince est revenu de la croisade.

Les bras noués en ceinture autour de son torse, les lèvres tendues en corolle à ses baisers et les