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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/81

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pre et portant des diadèmes d’or. Moi je n’ai que toi, si simple dans ton chapeau à fleurs et dans ta robe noire à collerette de dentelle. Mais je suis plus riche que le roi Salomon.

Le grand roi Salomon reçut en offrande de la reine de Saba de l’or, de l’argent, des éléphants et des paons, de l’ivoire et des épices. Moi, je n’ai reçu de toi que le sourire de tes yeux, le baiser de ta bouche et le don de ton corps. Mais je suis plus riche que le roi Salomon.

VIII

Tu m’as dit : « Vois au printemps renaître toutes les fleurs. La violette se trahit au plus profond des bois, le lilas éclate en fauves floraisons tout au long des sentiers des jardins, la primevère constelle les clairières dont l’herbe est fraîche et molle. »

Je t’ai répondu : « Le printemps n’est pas sur la terre, mais en moi. C’est moi seul qui porte le doux fardeau de toutes les fleurs. Ce n’est pas dans les clairières, ni le long des sentiers, ni au fond des bois que fleurissent les violettes, les lilas, et les primevères, c’est dans mon cœur, ô ma bien-aimée ! »

Tu m’as dit : « Écoute dans le crépuscule quand s’assourdit le frémissement des feuilles, le criaillement tournoyant des hirondelles, l’appel