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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/82

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craintif des loriots au nid, et soudain, au faîte des arbres, sur la lisière de la forêt, la plainte éperdue des rossignols. »

Je t’ai répondu : « Il n’est plus sur terre de chants ni de gazouillis. Tous les oiseaux sont blottis, l’aile battante et la gorge gonflée, dans mon cœur. Et c’est en moi que se confondent magiquement la plainte passionnée des rossignols, et l’appel amoureux des loriots, et le cri affolé des hirondelles, ô bien-aimée ! »

IX

Je te dirai de belles histoires des temps passés. Mais il faut que je regarde dans tes yeux pour revoir les rois et les reines qui s’en allaient vêtus de pourpre, au trot des palefrois et à l’amble des haquenées, vers les villes aux remparts hérissés de trompettes d’argent et aux maisons tendues de tapisseries, où étaient figurés, épars dans des vergers d’or, les colombes blanches, les paons bleus et les phénix rouges de la fable.

Je te dirai de belles histoires des temps passés. Mais il faut que je respire le parfum de tes lèvres pour revivre les printemps de jadis, alors que les pages aux bouffantes chevelures jouaient de la viole, à l’ombre des pommiers en fleurs, pour assoupir la mélancolie des princesses qui, plus blanches que leurs blancs hennins, rêvaient au