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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/89

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LES TROIS REINES

La première avait laurier d’argent
Et voile bleu sur sa beauté fière ;
Sombre, elle tendait à ma prière
Des lys qu’elle cueillait en songeant.

La seconde avait couronne d’or
Et robe rouge comme ses lèvres ;
Souriante, elle offrait à mes fièvres
Les pavots violets de la mort.

La troisième avait casque de fer
Et cuirasse couleur de la flamme ;
Rieuse, elle jetait à mon âme
Les roses sanglantes de l’enfer.

Baisant roses, pavots et lys, fleurs
Des trois reines de ma destinée,
Je chantai, voix bénie et damnée,
Le rire, le sourire et les pleurs.