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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/92

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LA REINE ROSEMONDE

« Qui, parmi vous, a vu la reine Rosemonde
Qui levait sur nos fronts la clarté de ses mains ? »
Demandaient aux passants des paisibles chemins
Ceux dont rien ne retient la course vagabonde.

Elle ne viendra plus, la reine Rosemonde,
Pâle en ses cheveux roux qui lui frôlaient les reins,
Déposer sa couronne aux pieds des pèlerins
Qui lui troublaient le cœur des chants d’un autre monde.

Tes étendards en fuite, ô reine Rosemonde,
Ne mêlent plus aux soirs leurs pourpres et leurs ors ;
On n’entend plus hurler les meutes et les cors
Au plus lointain des bois ni sur les bords de l’onde.

Es-tu morte à jamais, ô reine Rosemonde,
Parmi tes chevaliers saignant sous le soleil,
Ou dors-tu, les yeux clos d’un magique sommeil,
Dans la plus haute tour du roi de Trébizonde ?