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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/93

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Est-elle belle encor, la reine Rosemonde,
Dans la simarre mauve à ceinture d’argent ?
Son regard où se mire un ciel d’azur changeant
Affole-t-il les gueux dont le fauve amour gronde ?

Gît-elle sous les fleurs, la reine Rosemonde,
Les feuilles et les fleurs, que dispersa l’hiver ?
Ses cheveux étaient d’or sous un cercle de fer
Et sa bouche semblait une pivoine ronde.

Hélas ! Elle n’est plus, la reine Rosemonde,
Qu’un vague mot volant sur le souffle des vieux
Alors qu’à la veillée, après les chants pieux,
Ils se disent les noms des rois morts à la ronde.

Et nul ne répond plus, ô reine Rosemonde,
Aux pâles pèlerins qui, se tordant les mains,
Demandent aux passants des champs et des chemins,
Quand l’hiver frappe au cœur de la terre profonde :

« Qui, parmi vous, a vu la Reine Rosemonde ? »