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et de Jabolénus. Il apaisa, sans recourir à des moyens cruels, par sa prudence et son autorité, toutes les séditions qui éclatèrent. Il défendit d’enterrer les morts dans l’enceinte des villes. Il régla la dépense des combats de gladiateurs. Il mit une extrême attention à modérer l’usage des voitures. Il rendit compte au sénat et au peuple de tout ce qu’il fit.

Il mourut âgé de soixante et dix ans, et il fut regretté comme s’il eût été enlevé à la fleur de l’âge. Sa mort arriva, dit-on, ainsi : ayant mangé, un soir, avec trop d’avidité d’un fromage des Alpes, il eut des vomissements pendant la nuit, et, le lendemain, quelque ressentiment de fièvre. Le troisième jour, voyant que le mal empirait, il recommanda à M. Antonin la république et sa fille, en présence des préfets ; et il fit porter chez ce prince la statue d’or de la Fortune, qui est toujours dans la chambre à coucher des empereurs. Il donna pour mot d’ordre au tribun de service : égalité d’âme ; et se tournant ensuite, comme s’il voulait dormir, il rendit l’esprit dans sa maison de Lori. Dans les moments où la fièvre affectait sa tête, il ne parlait que de la république et des rois qui l’avaient mécontenté. Il laissa son patrimoine à sa fille, et, dans son testament, des legs convenables à tous les siens.

XIII.

Il était grand et bien fait. Mais l’âge l’ayant à la fin courbé, il portait, pour se tenir droit en marchant, une espèce de corps fait de tablettes de tilleul. Dans sa vieillesse, il prenait, avant de recevoir ceux qui venaient le saluer, un peu de pain sec pour soutenir ses forces. Sa voix, quoique un peu rauque, était sonore et même agréable.

Le sénat le mit au rang des dieux, de concert avec tous les citoyens, qui louaient à l’envi sa piété filiale, sa clémence, son esprit, et la pureté de ses mœurs. On lui décerna aussi tous les honneurs accordés jusque là aux meilleurs princes. Il eut un flamine, des jeux dans le cirque, un temple, et des prêtres appelés Antoniniens.

De tous les empereurs, il fut le seul qui, autant que cela put dépendre de lui, vécut sans répandre ni le sang des citoyens ni celui des ennemis ; et on peut avec raison le comparer à Numa, dont il eut le bonheur, la piété, la tranquillité sur le trône, et les honneurs après sa mort.


M. ANTONIN LE PHILOSOPHE +

PAR JULES CAPITOLIN.

SOMMAIRE.

I. Famille de Marc Antonin. Sa naissance. Ses noms. — ll. Ses préceptenrs. Son ardeur pour l’étude de la philosophie. — III. Ses maîlres. Son respect pour eux. — IV. Ses premières dignités. Présage de son avénement à l’empire. Son. désintéressement. Ses goüts. Son caractère. — "V. Son adoption par Antonin le Pieux. Ses verlus. — VI. Ses dignités sous Anlonin le Pieux. Son mariage avec la fille de l’empereur. Son erédit auprés du prince. — VIL Il succède à Antonin le Pieux , et se donne son frére pour collégue. Funérailles du défunl empereur. — VIII. Le règne des deux princes esl troublé par des désastres et des guerres, Vérus marche contre les Parlhes. Il se plonge dans les délices en Syrie. Marc-Aurèle veille à tout dü sein de Rome. — TX. Succés de Statius Priscus en Arménie. Antonin marie sa fille à Vérus. Ses lois pour assurer l’état des ciloyens. — X. Sa déférence pour le sénat. Son zèle pour la justice. — XI. Ses règlements. — XII. Sa bonté. Il triomphe avec Vérus. Sa modestie. — XIII. Ses préparatifs de guerre contre les Marcomans. Ravages de la peste à Rome. — XIV. Les deux empereurs marchent contre les barbares. Succès de celte campagne. Mort de Vérus. — XV. Marc-Aurèle mel Vérus au rang des dieux. 1l est accusé de l’avoir fait périr. — XVI. La mort de Vérus permet à Marc-Auréle de montrer toutes ses vertus. — XVII. Ses succés militaires. 1l fait une venle publique du mobilier impérial. — XVIII. Sa mort. Témoignages de l’affection

’publique. — XIX. Diversité des opinions sur la nais-

quit. Teslàmen’o autem omnes suos legatis idoneis proso quutus est. :

XIII. Fuit slatura elevala decorus. Sed quum esset Jongus et senex , incurvareturque, tiliaceis tabulis in pectore posilis fasciabatur, uL rectus incederet. Senex etiam antequam salutalores venirent, panem siccum comedit * ad sustentandas vires. Fuit vace rauca et sonora, cum jucunditate. A senatu divus est appellatus, cunctis certatim adnitenlibus : quum omnes ejus pietatem , clemenliam, ingenium, sanctimoniam laudarent. Decreli eliam sunt omnes honores qui optimis principibus ante delati suni. Meruit el (laminem et circenses et templum et sodales Antoninianos : solusque omnium prope prin. cipum prorsus sine civili sanguine et hostili, quantum ad seipsum perlinet, vixit : et. qui rite comparelur Numa , cujus felicitatem pietatemque el securilatem cergmoniasque semper obtinuit,