Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/362

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impunément un sujet de plaisanteries. Ils donnèrent, en mémoire de leur père, un combat de gladiateurs. Marc-Aurèle se livra tout entier à l’étude de la philosophie, et s’efforça de gagner l’amour des peuples.

Mais le bonheur et la sécurité dont on jouit sous leur règne furent tout à coup troublés par un débordement du Tibre, le plus désastreux qu’on eût encore vu : un grand nombre d’édifices furent renversés à Rome, beaucoup d’animaux périrent, et une famine affreuse mit le comble à tous ces maux. Marc-Aurèle et Vérus les adoucirent par leurs soins et leur activité.

Dans le même temps eut lieu la guerre des Parthes. Vologèse, qui s’y était préparé sous Antonin le Pieux, nous la déclara sous les empereurs Marc-Aurèle et Vérus, après avoir mis en fuite Atidius Cornélien, qui gouvernait alors la Syrie. La guerre était, en outre, imminente eu Bretagne, et les Cattes avaient fait une irruption dans la Germanie et dans la Rhétie. Calphurnius Agricola fut envoyé contre les Bretons, et Aufidius Victorin contre les Cattes. Quant à la guerre des Parthes, Vérus en fut chargé du consentement du sénat, et il fut convenu qu’Antonin resterait à Rome, où les affaires exigeaient sa présence. Toutefois il conduisit Vérus jusques à Capoue, lui laissa, pour l’accompagner, quelques sénateurs de ses amis, et y ajouta les chefs de tous les emplois. Mais ayant appris, à son retour à Rome, que Vérus était tombé malade à Canusium, il se mit en route pour l’aller voir, après avoir fait, en présence du sénat, des vœux solennels pour son rétablissement. A la nouvelle que ce prince avait repris sa marche, il revint à Rome, où il s’acquitta aussitôt de ses vœux. Vérus, arrivé en Syrie, s’y plongea dans les délices à Antioche et à Daphné, s’y exerça aux luttes des gladiateurs et aux combats de bêtes. Il ne fit la guerre aux Parthes que par ses lieutenants, et reçut le titre d’Imperator. Pendant ce temps-là, Marc-Aurèle donnait tous ses instants au soin de la république ; il supportait la vie voluptueuse de son frère avec une patience qui laissait douter s’il en souffrait ou non, et, du sein de Rome, il réglait et ordonnait tout ce qui était nécessaire pour la guerre.

IX.

En Arménie, les affaires furent conduites avec succès par Statius Priscus, qui prit la ville d’Artaxates, et l’on donna aux deux empereurs le surnom d’Arméniaques ; Antonin le refusa d’abord par modestie, mais l’accepta dans la suite. La guerre des Parthes étant terminée, ils furent aussi appelés Parthiques : Antonin refusa encore ce titre, et ne l’accepta que plus tard. Quant au nom de Père de la patrie, qu’on lui offrit en l’absence de son frère, il voulut, pour l’accepter, attendre son retour.

Pendant la guerre même il s’occupa du mariage de sa fille avec Vérus, et il accompagna celle-ci jusqu’à Brindes, où, après l’avoir comblée de présents, il la confia aux soins de sa sœur et de Civica, oncle paternel de Vérus, qui devaient la conduire à son futur époux. Pour lui, il revint aussitôt à Rome, démentant ainsi les discours de ceux qui disaient qu’il allait en Syrie pour s’arroger la gloire d’avoir terminé une guerre déjà finie. Il écrivit au proconsul pour lui défendre