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sa femme, tels que Tertullus, Utilius, Orphitus et Modératus. Il trouva même, un jour, Tertullus dînant avec elle ; et un mime fit ainsi allusion à leurs amours, en plein théâtre et en présence de l’empereur : Un mari imbécile demandait, dans la pièce, le nom de l’amant de sa femme à un esclave (c’était ce mime), qui lui dit : « Ter Tullus », et qui, à une nouvelle question de son maître, répondit : « Je vous l’ai dit ter, Tullus est son nom. » Il courut bien des bruits parmi le peuple à ce sujet, et l’on blâma généralement la patience de Marc-Aurèle.

Bien avant l’époque de sa mort et de sa seconde expédition contre les Marcomans, il jura dans le Capitole qu’aucun sénateur ne serait mis à mort de son aveu, et qu’il ferait même grâce à ceux qui seraient accusés de rébellion, si on lui en laissait la liberté. Il ne craignit rien tant que de passer pour avare, et il se justifie de cette imputation dans plusieurs de ses lettres. On l’accusa aussi de dissimuler, de n’avoir pas autant de franchise qu’il en affectait, ou qu’en avaient Antonin le Pieux et Vérus. On lui reprocha même d’avoir ajouté à l’orgueil du trône, en n’admettant ses amis ni à sa table ni dans sa société. Il accorda les honneurs divins à ses parents. Il fit même ériger des statues à leurs amis morts. Il n’ajoutait pas aisément foi aux recommandations, et il commençait toujours par s’assurer de la vérité. Fabia fit tous ses efforts, après la mort de Faustine, pour épouser Marc-Aurèle ; mais, ne voulant pas donner une belle-mère à tant d’enfants, il prit pour concubine la fille de l’intendant de l’impératrice.



L’EMPEREUR VÉRUS, PAR JULES CAPITOLIN.


A L’EMPEREUR DIOCLÉTIEN.

SOMMAIRE.

I. Origine et naissance de Vérus. — II. Ses mailres. Sa jeunesse. Ses goüts. — ILI. Ses dignités. 1l partage l’empire avec Marc-Auréle. — IV. Ses heureux commencements. Son séjour en Syrie. Ses vices. — V. Un de ses festins. — VJ. Sa passion pour les jeux du cirque. Sa mollesse à la guerre. — VII. Succès de ses lieutenants. Il revient à Rome célébrer son triomphe. —-VIT. Il rapporte avec lui la peste. Sa conduite déréglée

à Rome. — IX. Sa mésintelligence présumée avec Marc-Aurèle. Sa mort. — X. Soupçons que sa mort

fait uaitre. Son portrail. — XI. Marc-Aurèle justifié de ces soupcons.


I.

La plupart de ceux qui ont écrit l’histoire de Marc-Aurèle et de Verus ont, je le sais, présenté aux lecteurs celle de Vérus avant l’autre, se réglant sur la durée de leur vie, et non sur le rang qu’ils occupent comme empereurs. Pour moi, j’ai cru devoir parler d’abord de Marc-Aurèle, par la raison qu’il commença de régner, avant Vérus, et qu’il lui survécut.

L. Céjonius Aelius Commode Vérus Antonin, qui fut appelé Elius par l’ordre d’Adrien, et qui joignit à ce nom ceux de Vérus et d’Antonin, à cause de son alliance avec Antonin, ne fut ni un bon ni un mauvais prince, puisqu’il n’eut ni de grands vices ni d’éclatantes vertus. Il ne régna pas seul, mais sous Marc-Aurèle, qui le fit participer avec lui à la majesté impériale. Ses mœurs dissolues et sa vie licencieuse contrastèrent avec l’austérité de ce prince. Il avait d’ailleurs