beaucoup de franchise, et ne savait rien dissimuler de sa conduite.
Son père naturel L. Elius Vérus, adopté par Adrien, fut le premier de sa famille qui porta le titre de César, et il mourut en possession de cette dignité. Vérus comptait, en outre, parmi ses ancêtres plusieurs consulaires. Il naquit à Rome pendant la préture de son père, le dix-huit des calendes de janvier, jour de la naissance de l’empereur Néron. Sa famille, du côté de son père, tirait son origine de l’Etrurie, et du côté de sa mère, de Faventia.
II.
Tels étaient ses parents. L’adoption de son père par Adrien le fit entrer aussi dans la maison des Elius, et, à la mort du César son père, il resta dans la famille d’Adrien. Ce prince, qui voulait s’assurer une postérité, fit adopter Vérus par Marc-Aurèle, quand il se donna lui-même pour fils Antonin le Pieux et pour petit-fils Marc-Aurèle, à condition que Vérus épouserait la fille d’Antonin le Pieux. Si dans la suite elle fut donnée à Marc-Aurèle, ce fut, comme nous l’avons dit dans la vie de cet empereur, à cause de la trop grande jeunesse de Vérus. Celui-ci épousa Lucilla, fille de Marc-Aurèle.
Il fut élevé dans le palais de Tibère. Il eut pour maître dans les lettres latines Scaurus, fils de celui qui les avait enseignées à Adrien ; pour le grec, il eut Télèphe, Héphestion, Harpocration ; pour la rhétorique, Apollonius, Céler Caninius, Hérode Atticus, Cornélius Fronton, rhéteur romain ; pour la philosophie, Apollonius et Sextus. Il les aima tous très tendrement, et il en fut aussi très aimé, quoiqu’il eût peu de dispositions pour les lettres. Il se plut dans sa jeunesse à faire des vers, et, plus tard, des discours. Il fut, dit-on, meilleur orateur que poète, ou, pour parler avec plus de vérité, encore plus mauvais poète que mauvais rhéteur. On ajoute qu’il se faisait aider par ses amis, et que rien de ce qu’il a écrit ne lui appartient en propre ; aussi était-il toujours entouré d’écrivains et de savants. Son précepteur fut Nicomède.
Il aimait beaucoup trop le luxe et les plaisirs, et il avait une adresse remarquable à tous les jeux. Il passa, à l’âge de sept ans, dans la famille de Marc-Aurèle, qui le forma par son exemple et par ses conseils. Il avait du goût pour la chasse, pour la lutte, et pour tous les exercices de la jeunesse. Il vécut vingt-trois années en simple particulier, dans le palais impérial.
III.
Le jour où Vérus prit la toge virile, Antonin le Pieux dédia le temple d’Adrien, et fit, à cette occasion, des largesses au peuple. Aux jeux qu’il donna en qualité de questeur, il s’assit entre ce prince et Marc-Aurèle. Aussitôt après sa questure, il fut fait consul avec Sextilius Latéranus. Quelques années après, il le fut de nouveau avec son frère Marc-Aurèle. Il vécut longtemps en simple particulier, et sans jouir des honneurs que l’on rendait à ce dernier ; car il ne prit point place dans le sénat avant sa questure. En voyage, il ne se plaçait pas non plus à côté de son père, mais avec le préfet du prétoire, et on ne lui accordait d’autre titre que celui de fils d’Auguste.
Il était fort assidu aux jeux du cirque et aux combats de gladiateurs. Son goût effréné pour le luxe et les plaisirs fut cause, autant qu’on peut le conjecturer, qu’Antonin le Philosophe lui resta plus attaché par devoir que par inclination ; et il parait