Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/410

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Romulus, aux mamelles d’une louve. On le vit aussi s’asseoir, par mégarde, sur le siège de l’empereur, qu’un esclave avait mal placé. Un jour enfin qu’il s’était endormi dans une hôtellerie, un serpent vint s’enrouler autour de sa tête, et se retira sans lui faire aucun mal, au grand étonnement de ses amis réveillés.

II.

Il signala sa jeunesse par des violences et même par des crimes. Il eut à se défendre d’une accusation d’adultère, et fut absous par Julien, alors proconsul. Il fut son successeur dans le proconsulat, son collègue dans la dignité consulaire, et il obtint l’empire après lui. Il remplit avec zèle les fonctions de questeur. Né pour réussir en tout, il obtint par le sort la questure de la Bétique, et il passa de là en Afrique, où l’appelaient, par suite de la mort de son père, des intérêts de famille. Pendant son séjour dans cette province, on lui assigna la Sardaigne, au lieu de la Bétique, ravagée par les Maures. Après sa questure en Sardaigne, il fut nommé lieutenant proconsulaire en Afrique. Là, un de ses concitoyens du municipe de Leptis, obscur plébéien, étant accouru l’embrasser au milieu de ses faisceaux, comme un ancien camarade, il le fit bâtonner, tandis que le crieur public disait : « Garde-toi, téméraire plébéien, d’embrasser un lieutenant du peuple romain. » Cette circonstance fut cause que les lieutenants, qui auparavant allaient à pied, ne sortirent plus qu’en voiture. Pour s’assurer de sa destinée, il consulta, dans une ville de l’Afrique, un astrologue : celui-ci, voyant de grandes choses dans l’heure donnée par Sévère, lui dit : « Indiquez-moi votre nativité, et non celle d’un autre; » et Sévère lui ayant juré que c’était la sienne, l’astrologue lui prédit tout ce qui lui arriva depuis.

III.

Ses services le firent nommer tribun du peuple par l’empereur Marc-Aurèle, et il s’acquitta de ces fonctions avec autant d’intelligence que de sévérité, C’est à cette époque qu’il épousa Marcia, dont il ne parle pas dans l’histoire de sa vie privée, et à laquelle il érigea des statues, lorsqu’il parvint, dans la suite, à l’empire. Il fut désigné préteur, à trente-deux ans, par Marc-Aurèle, non parmi les candidats connus, mais entre un grand nombre de compétiteurs. Envoyé alors en Espagne, il rêva, une première fois, qu’il était chargé de restaurer, à Tarragone, le temple d’Auguste, qui menaçait ruine[1] ; ensuite, qu’il voyait, du haut d’une montagne, l’univers et Rome, à qui toutes les provinces donnaient un concert de lyres, de voix et de flûtes. Il donna des jeux, quoiqu’absent. Il commanda ensuite, près de Marseille, la quatrième légion Scythique. Le goût des lettres et le désir de connaître les mystères, les ouvrages et les antiquités d’Athènes, le conduisirent dans cette ville. Mais il reçut des Athéniens certains outrages, qui firent de lui leur ennemi, et dont il se vengea, quand il fut empereur, en restreignant leurs privilèges. Il fut envoyé de là, comme lieutenant, dans la province Lyonnaise. Ayant perdu sa femme et voulant en prendre une autre, il tira lui-même l’horoscope de plusieurs jeunes filles qu’on lui offrit; car il était fort habile en astrologie. Mais apprenant qu’il y en avait une en Syrie, à laquelle sa nativité promettait un roi pour époux, il la demanda en mariage : c’était Julie ; il l’obtint par l’entremise de

  1. Ce temple avait déjà été restauré par Adrien.