Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/120

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pas le moins du monde un effet de la recherche, mais au contraire l’expression la plus directe de l’instinct et de la sensibilité ; ici, le soupir, le cri étouffé, l’abandon du corps torturé, l’angoisse de la maladie sont musique. Il n’en est pas d’autre exemple. C’est la douleur qui parle, et la pire de toutes, la douleur physique, la pointe sans remède qui s’insinue dans le cours des idées et vient les interrompre ; le mal les altère en Debussy et ne les trouble pas ; il les suspend, sans réussir à les brouiller ; l’ordre intérieur, la clarté de l’intelligence restent admirables ; le témoin de la sensation demeure incorruptible. Et rien n’est plus extraordinaire que cette lucidité. L’esprit n’a pas cessé d’être le maître : il halète seulement ; il va par frissons et par sursauts ; si la fièvre traverse ses rêves et les rend