Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/121

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tristes à frémir, il modèle cette fiévreuse tristesse, il en dessine les contours ; et de son délire même, sa fidèle lumière fait un pur cristal. Il garde sa grâce dans le désespoir ; il ne perd pas tout sourire dans la brume des tourments. Sobre et contenue, cette musique déchire l’imagination par tout ce qu’elle livre du musicien et ce qu’elle laisse supposer. Il n’est guère croyable qu’on ait pu trouver du calme et de l’allégresse dans les Épigraphes. La lumière éclaire parfois la plus irréparable misère, et qu’on n’eût pas sondée. Le calme, ici, est celui de la rémission ; l’apaisement, la ruineuse lassitude, la sueur qui succède au feu de l’insomnie. Le souffle court, la mélodie entrecoupée de spasmes, interrompue de brusques heurts, de contractions et de tressaillements, pas une ligne qui ne trahisse l’homme à la