Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/87

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D’ailleurs, toute la fin de Pelléas est un continu chef-d’œuvre. Quoi de plus beau que les merveilleux accords, où se mirent les yeux innocents de Mélisande jusque dans le plus sombre délire de son bourreau, ces doubles quintes où passent on ne sait quels anges du ciel ? Seul Parsifal a cette profondeur de musique et ce sens du mystère ; il faut toujours juger d’une musique sur le philtre qu’elle nous verse et sur le génie qu’elle a d’exprimer l’inexprimable. L’énorme enluminure des Italiens, leur badigeon de foire, est le contraire de cet art là. Non la musique n’illustre pas un texte : elle le transpose dans un autre ordre : elle le prend à l’intelligence pour l’élever à la connaissance amoureuse de l’émotion. Et comme la poésie ne prétend pas moins faire avec les moyens qui lui sont propres,