Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/189

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dissipe ; et l’on se couche dans la fosse de la vérité. Pour pourrir.


Lui seul, et non moi.

Je ne pense point à moi, depuis le désastre de mon amour. Je suis tout compassion, et je souffre infiniment plus de ma pitié que je n’ai jamais souffert de moi-même. On peut guérir de soi et de son mal : mais comment de cette compassion, et du cher objet dont la douleur fait une pitié éternelle ?

Je ne suis pas encore assez brisé. Et tout brisé même, ce n’est pas assez : les morceaux brûlent et souffrent sous le ciel. Il faut s’éteindre.

Qui peut faire insulte à la nature ? Qui peut lui rendre un culte ? — Pour insulter la nature, c’est assez de la nommer. Et c’est assez de son nom pour la vanter.