Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/31

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volupté même descend, et dont elle avait entendu la cloche, à travers l’océan. Si le destin retranche, d’une épée brusque, ces amants l’un de l’autre, si la mort frappe l’une de ces chairs, faisant à l’autre une mortelle blessure, alors le nuage de la passion se retire, et l’amour se révèle. Le désir même n’est plus que de l’amour. Et tout est douleur. Que sera-ce de l’amour, qui a été pur dès l’origine ?


Voilà ce que je croyais lire dans les yeux désespérés de François Talbot. Je voulus l’encourager, et je lui dis quelques mots ; mais j’en eus honte, et je cessai. Je le laissai bientôt à lui-même : rien ne sied à la douleur que des témoins douloureux et muets. Il se prit à parler, et je gardai le silence. Il fit le rêve de sa douleur,