Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/60

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fait, que son grand cœur n’était plein que de bonté humaine et de force pour le bien.

Il riait peu ; mais il souriait presque toujours, jusque dans la tristesse. C’est qu’il avait vu beaucoup de mal dans le monde, et qu’il y portait beaucoup de bien. Aussi, que de douceur dans son sourire, et de malice ingénue. Il avait une exquise précision dans les mouvements. Il semblait ne se hâter jamais, même quand il marchait du pas le plus rapide. Cette harmonie de l’énergie produite et du travail à produire frappait surtout en lui. C’est un trait des marins, comme l’alliance de la rêverie intérieure à la volonté toujours prête et au goût d’agir. Hélas, il comptait trop rester le maître de ses allures : cette maîtrise, un jour, l’a trahi.