Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/61

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Loin de n’y pas être sensible, il avait l’horreur de la maladie, et cette impatience des misères charnelles qui est commune aux hommes de la plus grande bravoure. Ils veulent faire le sacrifice de leur vie ; ils ne veulent pas la donner en miettes. De cent héros capables de courir à la mort, il n’en est pas un qui voulût asseoir vingt ans de sa vie au chevet d’une femme malade, ou soigner le cancer d’un fils. Il l’eût peut-être fait ; mais il n’eût jamais consenti qu’on le fît pour lui.

Autant il mettait de temps et de soin à se faire une opinion sur quelque problème, autant il avait de promptitude dans la résolution. Il s’irritait également des esprits présomptueux, et des soldats qui hésitent. Il se décidait dans l’action avec une rapidité éclatante : ses yeux