Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/62

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étaient alors de feu pour voir le but et le brûler en quelque sorte. Et, certes, s’il avait jamais eu l’occasion d’en prendre la charge, il aurait abondé en actions décisives. Mais en vain était-il tout action : au midi de la lutte, comme la lumière a toujours son ombre, la douceur humaine ne le quittait pas. Il voulait le bien du monde, comme un artiste veut la perfection.

Il était vraiment un miroir d’humanité. Voilà celui qu’un seul coup a brisé loin de moi. Mon frère… Qui peut dire, à qui l’a connu, la douceur de ce nom ? Qui peut en dire la douleur, à qui l’a perdu ?