Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/73

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de la lampe ; elle y présente sa panse brune ; elle bourdonne obstinément, machine de la putréfaction en travail. Je connais l’horreur et la puissance des mouches. Je ne la tuerai pas, pourtant.

Tout à l’heure, quand le pâle soleil de décembre s’est vidé dans les cendres, le long du mur j’ai vu les poules, en leur hâte perpétuelle, automates qui piquent sur le tas, comme si elles avaient à coudre le sac de terre : elles avaient au bec deux longs vers, qu’elles avalaient, tel l’Italien de Naples mange ses nouilles rondes, les coupant à mesure avec la bouche. Jusqu’au bout, les vers agitaient des restes convulsifs. Dans un coin, une araignée jaune, velue, griffue comme un guerrier du Japon, suçait par le ventre une mouche prise au piège ; et l’araignée n’en aurait pas voulu, si la mouche n’avait pas été vivante. Quoi