Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fille avait porté une irréparable atteinte à sa réputation ; en un mot, on lui faisait entendre clairement, à travers la phraséologie confuse usitée en pareil cas, qu’Hélène passait « pour être ma maîtresse, » et que, par son impardonnable faiblesse et son insouciance, ma tante avait autorisé ces bruits odieux.

Cela était faux, absolument faux, c’était une odieuse calomnie ; mais je demeurai atterré, car je vis à l’instant que toutes les apparences devaient malheureusement donner une terrible créance à cette accusation.

Je crus m’éveiller d’un songe ; je l’ai dit, je m’étais laissé aller aux charmes de ce pur et chaste amour, sans calcul, sans réflexion, avec toute l’enivrante, imprévoyance du bonheur. Cette lettre me mit la réalité sous les yeux, j’en demeurai écrasé.

Mon premier mouvement fut noble et généreux : je déchirai cette lettre en disant à ma tante : « Croyez bien que la réputation de ma cousine Hélène sera vengée ainsi qu’elle le doit être. »

Ma tante sourit tristement et me dit : « Mon ami, vous sentez bien qu’après de tels bruits il faut nous séparer ; un séjour plus prolongé à Serval serait justifier ces infamies. Je connais