Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/129

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ma fille, je connais la hauteur de vos sentiments, c’est tout dire. Mais, mon enfant, les apparences sont contre nous ; ma confiance, si légitime et si honorablement placée en vous, sera taxée de faiblesse et d’imprévoyance. Je n’ai pas songé, hélas ! que la vie la plus pure en soi a toujours des témoins disposés à la flétrir… Vous le savez : Hélène est pauvre, elle n’a au monde que sa réputation… Que Dieu fasse maintenant que ces effroyables calomnies n’aient pas eu déjà un irréparable et fatal retentissement !

— Hélène est-elle instruite de ceci ? — demandai-je à ma tante.

— Non, mon ami ; mais son caractère est assez ferme pour que je ne lui cache rien.

— Eh bien, ma tante, faites-moi la grâce et la promesse de ne lui rien dire jusqu’à demain. »

Ma tante y consentit et je rentrai chez moi.

On pense bien que le vague et passager besoin d’isolement que j’avais éprouvé céda devant de si réelles préoccupations.

Le dîner fut triste ; après nous revînmes au salon. Hélène aimait trop sa mère et m’aimait trop aussi pour ne pas s’apercevoir que nous avions quelques chagrins ; je n’étais pas d’ail-