Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/130

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leurs, alors, assez dissimulé pour pouvoir cacher mon ressentiment.

Mille idées confuses se heurtaient dans ma tête : je ne m’arrêtais à aucune décision ; je me rappelais mes longs entretiens avec Hélène, nos promenades souvent solitaires, mais autorisées par une familiarité de parenté qui datait de l’enfance ; je me rappelais nos joies candides, la préférence presque involontaire que je lui accordais constamment : à la promenade, j’avais toujours son bras ; à cheval, j’étais toujours à ses côtés ; en un mot, je ne la quittais jamais. Je m’aperçus alors qu’aux yeux les moins prévenus, une distinction aussi persistante avait dû gravement compromettre Hélène. Puis encore, je me rappelais mille regards, mille signes tacites, convenus et échangés entre nous, muet et amoureux langage qui devait ne pas avoir échappé à la clairvoyance jalouse des gens que nous recevions ; charme fatal du premier amour, qui nous absorbait assez pour que nous ne songeassions pas aux dehors ; atmosphère enivrante au milieu de laquelle nous vivions si heureux et si insouciants de tous, et que nous avions crue impénétrable aux yeux des indifférents !

À mesure que le voile qui m’avait jusque-là