Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/131

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caché ma conduite se levait, je comprenais mon inconcevable légèreté ; et, selon tout caractère jeune, j’en vins à m’en exagérer encore l’imprudence… Je vis l’avenir d’Hélène perdu ; car, se trouvant sans bien, l’irréprochable pureté de sa conduite lui devenait doublement précieuse. Puis, c’est avec transport que je me rappelais son amour, son affection si pure et si dévouée, qui datait de l’enfance, ses qualités hautes et sérieuses, sa douceur, sa beauté, son élégance exquise… En un mot, j’en vins à penser qu’Hélène, bien qu’innocente, pouvait paraître coupable aux yeux du monde, et que, puisque j’avais peut-être porté une irréparable atteinte à sa réputation, la seule réparation qui fut digne d’elle et de moi était de lui offrir ma main.

Alors je me voyais heureux et paisible dans ce château, y vivant auprès d’elle, ainsi que j’y avais jusqu’alors vécu : c’était un horizon merveilleusement calme et radieux ; à mesure que je pensais ainsi, mon âme s’épanouissait et semblait s’agrandir. Je ne sais quelle voix intime et solennelle me disait : « Tu es sur le seuil de la vie ; deux voies te sont ouvertes : l’une mystérieuse, vague, imprévue ; l’autre fixe et assurée : dans celle-ci le passé te répond