Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/143

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ses démarches ; ainsi cette sorte d’aveu, presque involontaire, qu’elle m’avait fait, ce chaste cri d’amour sorti d’un cœur depuis longtemps épris peut-être, ne fut plus à mes yeux qu’une avance honteusement calculée.

Que dirai-je ! en me rendant à ce pavillon, mes idées étaient un affreux mélange d’égoïsme, d’amour-propre froissé, de résolution cruelle, et aussi de regrets déchirants d’avoir déjà perdu cette illusion si chère, de n’avoir pas même, un jour, pour me consoler et rasséréner ma pensée… le souvenir d’un premier amour, pur et désintéressé…

Une chose à la fois horrible et ridicule à avouer, c’est qu’il ne me vint pas une minute à la pensée que je pouvais me tromper grossièrement ; qu’en admettant même la possibilité des apparences du mal, il fallait aussi admettre la possibilité du bien ; qu’après tout, à part même le caractère et la noblesse des sentiments que j’avais reconnus à Hélène, mille circonstances, mille particularités pouvaient faire que son amour fut candide et vrai ; et puis enfin, ma fortune étant inhérente à moi, Hélène n’était-elle pas obligée de m’aimer riche, puisque je me trouvais riche ?

Mais non, cette idée fixe et d’une brutalité