Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/144

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presque féroce me dominait tellement que je ne songeais pas à chercher une seule excuse en faveur de celle dont je doutais si cruellement.

De longues années se sont passées depuis, et aujourd’hui que j’examine ma conduite d’alors avec désintéressement, j’ai du moins la triste consolation de m’assurer que je ne tâchais pas à m’autoriser de cette foi aveugle au mal que je supposais, afin d’éluder l’accomplissement d’un devoir ; car, bien que les bruits que j’ai dits fussent de tous points calomnieux, aux yeux du monde ils avaient les dehors absolus de la réalité, et la dangereuse imprudence de ma conduite les avait malheureusement accrédités : je devais donc à Hélène la réparation que mon premier mouvement m’avait porté à lui offrir ; elle était ma parente, elle avait été une seconde fille pour mon père, je lui avais reconnu les plus excellentes qualités, et j’avais eu la conviction de devenir le plus heureux des hommes en l’épousant. Mais, je le répète, ma conduite cruelle envers elle ne fut pas dictée par un de ces instincts sordides qu’on ne s’avoue pas, mais qui vous font agir presque à votre insu… Plus tard, peut-être, je me fusse ainsi trompé moi-même à dessein ; mais alors