Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/146

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qu’Hélène, ouvrant ses grands yeux étonnés, ne me comprit pas ; aussi, après un moment de silence, elle ajouta en soupirant : « Arthur, ma mère m’a tout dit.

— Eh bien ! » lui répondis-je avec indifférence… Puis, fermant le collet de son manteau, j’ajoutai : « Prenez garde, le brouillard est humide et pénétrant… vous pourriez avoir froid. »

lia pauvre enfant croyait rêver : « Comment ! Eh bien ! — reprit-elle en joignant les mains avec stupéfaction, — vous ne trouvez pas cela horrible, infâme ?

— Qu’importe ? puisque cela est faux, — repris-je sans sourciller.

— Qu’importe !… comment ! il n’importe pas que celle qui portera votre nom soit déshonorée avant d’être votre femme ? »

À ces mots d’Hélène, qui me parurent le comble de l’effronterie et la preuve flagrante de la vérité de mes soupçons, un incroyable besoin de vengeance me souleva le cœur, tous mes scrupules disparurent, et aujourd’hui je bénis le hasard qui a retenu sur mes lèvres les horribles mots qui me vinrent à l’esprit. Heureusement pour moi, je voulus être ironique, et je me contins.