Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/147

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« Hélène, — lui dis-je, — notre conversation doit être grave et sérieuse : veuillez m’écouter. Vous qui êtes la candeur, la franchise et le désintéressement personnifiés, — ajoutai-je avec un accent de misérable insolence qui ne put la frapper, tant sa conscience la mettait au-dessus de tout soupçon, — répondez-moi, je vous prie, avec une entière loyauté : notre avenir à tous deux en dépend. »

Selon cet instinct du cœur qui trompe rarement, Hélène pressentit quelque perfidie, car elle s’écria avec angoisse : — Tenez, Arthur, il se passe en vous quelque chose d’extraordinaire ; je ne vous ai jamais vu cet aspect glacial et dur ; vous me faites peur ! Au nom du ciel, que vous ai-je fait ?

— Vous ne m’avez rien fait ; mais puisque vous porterez mon nom, puisque vous serez ma femme, et je vous sais un gré infini de cette confiance dans l’avenir, qui nous fait honneur à tous deux, — continuais-je avec un sourire qui l’effrayait, — il faut que vous répondiez à mes demandes.

— De quel air, mon Dieu, vous me dites cela, Arthur ! Je ne comprends pas… qu’est-ce que cela signifie ?… à quoi faut-il que je réponde ?