Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

croyez pas cela… Dans une circonstance aussi solennelle je ne dois ni ne veux vous tromper… la blessure est incurable ; jamais… jamais je n’oublierai qu’un jour vous m’avez soupçonnée d’être vile.

— Si ! si ! vous l’oublierez, Hélène ! et pour moi, qui entends les prévisions de mon cœur, l’avenir me répond du passé.

— Jamais je ne n’oublierai, je vous le répète, — dit Hélène avec sa fermeté habituelle. — Ainsi, songez-y bien, il en est temps… rien ne vous lie… que l’honneur… vous pouvez me refuser ce que je vous demande à cette heure ; mais ne croyez pas que je change jamais… Je vous le répète, pour l’éternité de cette vie… mon cœur sera séparé du vôtre par un abîme.

— Croyez-le… croyez-le, — dis-je à Hélène ; car je me sentais rassuré par toutes les présomptions de ma tendresse. — Croyez cela ! que m’importe ! mais votre main… mais le droit de vous faire oublier les chagrins que je vous ai causés, voilà ce que je veux, voilà ce que j’accepte, voilà ce que je vous demande à genoux…

— Vous le voulez ? — me dit Hélène en attachant sur moi un regard pénétrant, et semblant éprouver un moment d’indécision.