Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/164

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— Je l’implore de vous comme mon bonheur éternel, comme l’heureux destin de ma vie… Enfin, — lui dis-je les yeux baignés de larmes… — je l’implore de vous avec autant de religieuse ardeur que si je demandais à Dieu… la vie de ma mère.

— Ce sera donc, je vous accorde ma main, — dit Hélène en détournant les yeux afin de cacher l’émotion qui la surprit pour la première fois depuis notre entretien.

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J’étais le plus heureux des hommes… Je connaissais trop l’ombrageuse susceptibilité d’Hélène pour ne m’être pas attendu à ces reproches ; son cœur avait été si cruellement frappé, que la plaie devait être encore longtemps vive et saignante ; je sentais qu’il fallait peut-être des jours, des années de soins tendres et délicats pour cicatriser cette blessure ; mais je me sentais si certain de mon amour, si heureux de l’avenir, que je ne doutais pas de réussir. Noble et loyale comme je connaissais Hélène, sa promesse même me prouvait qu’elle ressentait sans doute encore de la colère, mais qu’elle m’estimait toujours ; qu’elle avait lu dans mon cœur, et qu’elle était persuadée, à son insu, qu’en exprimant l’affreuse pensée qui l’avait si affreu-