Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/165

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sement blessée, je n’avais été que l’écho involontaire des maximes désolantes de mon père.

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Nous partîmes bientôt pour la ville de ***, où habitaient Hélène et sa mère.

Notre mariage, annoncé avec une sorte de solennité, fut fixé pour une époque très-rapprochée, car j’avais supplié Hélène de me permettre de hâter cet heureux moment, autant que le permettrait l’exigence des actes publics.

Mon cœur bondissait d’espoir et d’amour. Jamais Hélène ne me parut plus belle : son visage, ordinairement d’une expression douce et tendre, avait alors un air de fierté grave et mélancolique qui donnait à ses traits un caractère plein d’élévation ; je trouvais de la grandeur et une noble estime de soi dans cette détermination qui lui faisait alors braver, de toute la conscience de son inaltérable pureté, mes doutes offensants, si indignes d’ailleurs d’être un instant comptés par cette âme loyale. Ainsi je me laissais entraîner aux projets de bonheur les plus riants. Je me trouvais presque heureux de la froideur qu’Hélène continuait de me témoigner, car je voyais encore là les instincts des esprits généreux, qui souffrent d’autant