Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/166

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plus vivement d’une injure, qu’ils sont d’une sensibilité plus exquise.

La cruelle indécision qui m’avait tant effrayé sur mon avenir s’était changée en une sorte de certitude paisible et sereine ; tout à l’horizon me paraissait radieux : c’était cette vie intérieure que j’avais d’abord rêvée, et pour ainsi dire expérimentée à Serval : une existence calme et contente ; et puis, le dirai-je ! chaque conquête que je devais faire sur les tristes ressentiments d’Hélène me ravissait : je pensais avec une ivresse indicible qu’il fallait pour ainsi dire recommencer à me faire aimer d’Hélène. Avec quelle joie je pensais à fermer peu à peu cette plaie funeste ! Je me sentais si riche de tendresse, de dévouement et d’amour, que j’étais sur de ramener peu à peu sur cet adorable visage sa première expression de bonté confiante et ingénue, de fixer à jamais sur ses lèvres charmantes leur ineffable sourire d’autrefois, au lieu du sérieux mépris qui les plissait encore… de voir ce regard dur et dédaigneux s’adoucir peu à peu… de méprisant devenir sévère, puis triste, puis mélancolique… bienveillant… tendre… et de lire enfin dans son riant azur ce mot béni : Pardon !

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