Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/18

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C’était vers le milieu du mois de mai, par une matinée délicieuse, rafraîchie par une faible brise du nord ; ces routes mouvantes, remplies d’un sable jaune comme de l’ocre, quoique détestables pour les voitures, qui s’y enfonçaient jusqu’aux moyeux, étaient assez bonnes pour les chevaux. Plus je m’avançais dans l’intérieur de ce pays inculte et sauvage, plus la nature se développait large et majestueuse, bien qu’un peu monotone : devant moi, d’immenses plaines de bruyères roses ; à l’horizon, de hautes montagnes bleuâtres ; à gauche, de nombreuses collines couvertes de bois ; et à droite, un continuel rideau de verdure, formé par les saules et les peupliers qui bordaient une rivière très-basse et très-limpide, partout guéable, mais fort rapide, et qu’il fallait plusieurs fois traverser, car elle coupait çà et là le chemin, qui tantôt s’encaissait entre de hauts escarpements couverts d’aubépines, de mûriers, et de rosiers sauvages, et tantôt, au contraire, sortait de ces cavées, pour remonter en plaine, droit et uni comme un jeu de mail.

« Es-tu déjà allé à *** ? — demandai-je à mon guide, dont la figure mâle, la tenue nette et propre, la démarche aisée sentaient fort leur cavalier libéré du service militaire ; j’avais d’ail-