Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/201

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reux défi ? car, si le but en est connu, ainsi que vous le présumez, toute leur délicate générosité sera doublement perdue.

— D’abord, — me dit le comte, — ils ne m’ont pas confié leur secret, c’est un très-singulier hasard qui m’en a rendu maître ; ainsi je ne pouvais me permettre de leur faire la moindre observation sur une particularité que je n’étais pas sensé connaître ; quant à insister beaucoup sur les dangers de la course, c’était presque mettre leur courage en doute, et je ne le pouvais pas ; mais, s’ils m’avaient consulté, je leur aurais dit qu’ils agissaient comme deux fous ; car, en voyant une course aussi dangereuse, on ne pourra se l’expliquer par le pari de deux cents louis, qui en est l’objet apparent ; on ne risque pas presque assurément sa vie pour deux cents louis dans la position de fortune où ils sont tous deux ; aussi, en recherchant le motif caché d’un pareil défi, pourra-t-on très-facilement arriver à découvrir la vérité… et cela causera un éclat détestable pour madame de Pënâfiel.

— Et il est bien avéré que ces messieurs s’occupaient d’elle ? — demandai-je au comte.

— Très-avéré, tout le monde le dit, et pour moi, qui connais depuis longtemps madame de