Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/215

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voiture, auprès de laquelle se pressaient déjà plusieurs hommes de la connaissance de madame de Pënâfiel. Elle me parut accueillir M. de Cernay avec une affabilité un peu insouciante, et lui donna le bout de ses doigts à serrer. Le comte me semblait fort causant et fort gai.

Je jetais un nouveau coup d’œil dans la voiture, et je pus parfaitement voir madame de Pënâfiel.

À travers le demi-voile de blonde qui tombait de sa petite capote mauve excessivement simple, j’aperçus un visage très-pâle, d’un ovale fin et régulier et d’une blancheur un peu mate ; ses yeux très-grands, bien qu’à demi fermés, étaient d’un gris changeant, presque irisé, et ses sourcils prononcés se dessinaient noblement au-dessus de leur orbite ; son front lisse, poli, assez saillant, était encadré de deux bandeaux de cheveux châtain très-clair à reflets dorés, ainsi qu’on en voit dans quelques portraits du Titien ; son nez, petit et bien fait, était peut-être trop droit ; sa bouche, un peu grande, était vermeille ; mais les lèvres étaient si minces et leurs coins si dédaigneusement abaissés qu’elles donnaient à cette jolie figure une expression à la fois ennuyée, sardonique et méprisante ; enfin la pose nonchalante de ma-