Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/232

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deau, je cherchai dans la salle madame de Pënâfiel ; — je la vis bientôt dans une loge des premières, tendue en soie bleue ; elle était assise dans un fauteuil de bois doré, et avait encore sur ses épaules un long mantelet d’hermine. Une autre jeune femme était près d’elle, et l’homme âgé qui m’avait parlé se tenait au fond de la loge.

Bientôt madame de Pënâfiel donna son mantelet à ce dernier ; elle était vêtue d’une robe de crêpe paille, fort simple, avec un gros bouquet de violettes de Parme au corsage ; un bonnet aussi garni de violettes, et très-peu élevé, laissait son beau front bien découvert, et encadrait ses cheveux châtains, séparés et retenus en bandeaux jusqu’au bas de ses tempes, d’où ils tombaient en longs et soyeux anneaux jusque sur son cou et sur ses blanches épaules : le soir, son teint pâle, rehaussé par un peu de rouge, paraissait éblouissant, et ses deux grands yeux gris brillaient à demi fermés sous leurs longs cils noirs.

— Caché derrière mon rideau, je regardais attentivement madame de Pënâfiel à l’aide de ma lorgnette. — L’expression de sa figure me parut, ainsi que le matin, inquiète, nerveuse, et surtout chagrine ou ennuyée ; elle tenait sa