Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/233

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tête penchée, et effeuillait machinalement un très-gros bouquet de violettes qu’elle avait à la main.

La compagne de madame de Pënâfiel formait avec elle un contraste frappant ; elle semblait avoir dix-huit ans au plus, et la première fleur de la jeunesse s’épanouissait sur son visage frais, régulier et candide ; elle était vêtue de blanc, et ses cheveux, noirs comme l’aile d’un corbeau, se collaient sur ses tempes ; ses sourcils d’ébène se courbaient bien arqués, et ses yeux bleus, un peu étonnés, révélaient cette sorte de joie enfantine d’une jeune fille qui jouit avec une curiosité avide et heureuse de toutes les pompes du spectacle et des délices de l’harmonie.

De temps à autre, madame de Pënâfiel lui adressait la parole presque sans tourner la tête vers elle, la jeune fille semblait lui répondre avec une déférence attentive, bien qu’un peu contrainte.

Quant à madame de Pënâfiel, après avoir jeté deux ou trois regards distraits autour de la salle, elle parut demeurer complètement insensible à la magnifique harmonie de Guillaume Tell, qu’on représentait ce jour-là.

Cette jeune femme avait l’air si dédaigneux,