Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/238

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assiette. C’est pourtant pour gueuser des dîners à l’hôtel de Pënâfiel qu’il va faire mille platitudes auprès d’une femme dont il dit pis que pendre.

— Il est de ses amis ? — demandai-je à M. de Cernay.

— Il est de ses dîners… voilà tout ; car c’est bien la plus mauvaise langue qui existe au monde, perfide comme un serpent, ne ménageant personne. Mais quel dommage, n’est-ce pas, — reprit le comte, — que madame de Pënâfiel, avec tant de charmes, une si jolie figure, beaucoup d’esprit, trop d’esprit, une fortune énorme, se fasse aussi généralement détester ?… Mais avouez que quand on ose tout c’est bien mérité.

— Mais il me semble, — lui dis-je, — que cette visite d’une femme comme madame la duchesse de X… prouve au moins qu’on ménage assez madame de Pënâfiel pour ne la détester que tout bas.

— Que voulez-vous… le monde est si indulgent ! … — me répondit naïvement le comte.

— Pour ses plaisirs, — lui dis-je, — soit ; mais une chose qui m’étonne, c’est, non pas de voir qu’on médise généralement de madame de Pënâfiel, elle me paraît, à part ses défauts,